Katherine Chang Liu

Gravure vénitienne moderniste en forme de trou de serrure

1986

En tant qu'artiste, Katherine Chang Liu est une anomalie. Son diplôme d'études supérieures en sciences ne l'a pas préparée à devenir l'artiste qu'elle est. Pourtant, une confluence fortuite d'art, de science et de maturation socioculturelle - les fils dont est tissée la toile de son art ; l'étoffe de la vie, qui, bien qu'informée par la raison, est par définition irraisonnée - forme le corpus de l'iconographie de Liu. Cela ne veut pas dire que son art jaillit d'un vide éthéré.

Liu a étudié l'art de manière formelle et informelle tout au long de sa vie, ce qui lui a permis d'obtenir des bourses de la National Endowment for the Arts et de la Virginia Commission of Arts and Humanities, pour ne citer que deux exemples parmi sa longue liste de réalisations. En outre, elle a été co-commissaire de musée, conférencière et enseignante au rayonnement international considérable. Katherine a grandi à Taïwan dans une famille chinoise plus ou moins traditionnelle. Mais dans la période d'après-guerre de sa jeunesse, la tradition a commencé à céder la place à la "modernisation", dont l'une des conséquences a été de substituer le stylo à bille à l'ancien pinceau calligraphique, principal instrument d'expression poétique et esthétique dans la culture chinoise. Le célèbre conservateur J.S.M. Willette a observé que les peintures/collages de Liu "ont une composante qui va au-delà du marquage expressionniste : ce sont des résolutions de son héritage oriental et de sa formation occidentale". L'ancien lama tibétain Sumpo Khempo a écrit que "puisque l'art incarne l'esprit, le corps et l'âme, il doit en vérité être compris comme la plus haute forme d'apprentissage". Katherine Chang Liu a bien appris.